mercredi 23 décembre 2015

UN ÖZIL GALACTIQUE: LES RAISONS D'UN RETOUR AU PREMIER PLAN.

Depuis son arrivée lors du mercato 2013, on pensait Mesut Özil mort, incapable de retrouver son niveau affiché avec le Real Madrid. Cette saison, le meneur de jeu des Gunners impressionne, à l’image de son match ce lundi contre Manchester City (victoire 2-1, avec deux passes décisives de l’allemand). Aujourd’hui, à l’aube d’un « Boxing Day », où les points vont coûter chers, le joueur d’origine turque est auteur de 15 passes décisives, en seulement 17 matchs de championnat. À l’affut du record de Thierry Henry (saison 2002-2003) avec 20 passes, Mesut Özil est le symbole de cette équipe en pleine confiance qui espère donner à ses supporters un titre de champion d’Angleterre attendu depuis 2004. Retour sur les raisons du retour en forme du meneur allemand.

Olivier Giroud buteur remercie le passeur Mesut Ozil lors du match face à Manchester City.


Nous ne sommes qu’à la mi-saison, et Mesut Özil affiche des statistiques affolantes. Avec 15 passes décisives en championnat en 16 matchs disputés, on peut ajouter à cela 2 buts en championnat. Il est impliqué dans 17 des 31 buts d’Arsenal depuis le début de la saison. Il a toujours affiché de belles stats au niveau des passes décisives (record de 17 passes avec le Real Madrid lors des saisons 2010-2011 et 2011-2012 en championnat). Mais lors de ses deux premières saisons en Angleterre, le meneur de jeu, avait du mal à faire briller ses coéquipiers (9 et 5 passes décisives depuis son arrivée en 2013). Aujourd’hui on reconnait le Mesut du début de sa carrière, celui qui faisait les différences dans les petits comme les grands matchs. Il est la principale arme d’Arsenal. Considéré comme le meilleur meneur de jeu de la planète lors de ses années madrilènes, il veut récupérer ce statut grâce à ses performances sur le terrain.  

Un schéma, un positionnement et des coéquipiers qui lui vont bien.

Si Mesut Özil affiche des statiques excellentes, c’est notamment grâce à une place de meneur de jeu retrouvée dans le dispositif tactique d’Arsène Wenger. Bien souvent exilé sur un côté depuis son arrivée, dans un « 4-3-3 », où l’enfant de Gelsenkirchen, était perdu sur la pelouse. Il touche très peu de ballon, obligé de beaucoup trop décrocher, et donc être très loin du but adverse, il est donc beaucoup moins décisif et présent dans les actions offensives. 

Cette saison, il est repositionné dans son poste de prédilection de « numéro 10 », le génie allemand arrive à se situer sur le terrain et se trouve toujours au bon endroit pour délivrer la dernière passe, souvent synonyme de but. Dans le « 4-2-3-1 » concocté par le coach français, Mesut Özil, profite pleinement des espaces et se sert à merveille du jeu dos au but et précieux d’Olivier Giroud (auteur de 10 buts en championnat). De plus, il a sur ses ailes, des joueurs qui vont très vite comme Theo Walcott ou Joel Campbell, en attendant le retour en janvier du chilien Alexis Sanchez. Un schéma et un style de joueurs qui lui sont familiers, au Real Madrid, il avait de chaque côté Di Maria et Cristiano Ronaldo. 

Classement des meilleurs passeurs de la Premier League par saison (Twitter Sky Sports news selon Opta)

Épargné par les blessures, il est omniprésent.

On dit bien souvent que pour remplir une belle fiche de stats à la fin de la saison, il faut bénéficier d’une préparation physique complète. Cette année pour Mesut Özil, c’est le cas. Un été où l’allemand n’a pas été sollicité par une coupe du monde ou un Euro, il a donc été présent dès la reprise des entraînements cet été. Par rapport aux saisons précédents, le gaucher allemand, a déjà joué 22 matchs toutes compétitions, alors qu’à titre d’exemple, il en a joué uniquement 32 sur l'ensemble de la saison dernière. L’an dernier, à la même époque, on apprenait que l’allemand allait être absent entre 10 à 12 semaines à cause d’une rupture partielle du ligament latéral du genou gauche. Des blessures à répétition surement dues à une coupe du monde longue et éprouvante pour le champion du monde allemand. 

Et aujourd'hui il donne le tournis aux défenses anglaises et européennes, à l’image de son match face au Bayern Munich (2-0 pour les Gunners). Un match où l’international allemand était aux quatre coins de l’Emirates Stadium, n’hésitant pas à redescendre pour prêter main forte à Santi Cazorla et Francis Coquelin au milieu du terrain et qu’il a ponctué par un but en fin de match. 

Désormais, Mesut Özil ne baisse pas en régime dans un match et il est capable de se montrer décisif en début comme en fin de match. Le coach des Gunners n’hésite pas à le laisser sur le terrain, puisqu’il a fini 8 des 16 matchs qu’il a disputé cette saison, le fait sortir en toute fin de match lorsque le score est acquis en faveur d’Arsenal. Une preuve de confiance pour l’homme aux 70 sélections (18 buts) avec la Mannschaft.


Mesut Özil a su prendre son mal en patience après deux premières saisons très moyennes, pour ne pas dire mauvaises au bord de la Tamise. Aujourd’hui, à titre individuel, il est à cinq passes décisives de la légende des Gunners Thierry Henry. Et il peut être celui qui amène les canonniers d’Arsenal vers un quatorzième titre de champion d’Angleterre. Sous contrat jusqu’en 2018, à ce rythme-là, l’allemand peut vivre une saison magnifique avec un Euro en France à la fin de la saison où l’Allemagne fait figure de favori.


Benamar CHACHOUA. 





mardi 22 décembre 2015

MAROC / POLISARIO: un conflit vieux de 40 ans.

Le 20 décembre s’est clôturé le 14ème congrès (16 au 20 décembre 2015) du Front Polisario dans la région de Dakhla. Un évènement très important pour cette lutte pour l’indépendance de cette région du Sahara occidental. Dans cette 14ème édition, le slogan : « Force, planification et volonté pour imposer l’indépendance nationale et la souveraineté », était accompagné d’une forte présence étrangère et notamment algérienne. Le front Polisario créé en 1973 pour lutter contre l’occupant espagnol, résiste depuis 1975 contre le Maroc. Retour vers ce conflit très peu médiatisé qui dure depuis une quarantaine d’années.

Le Sahara occidental est un vaste territoire de 260 000km². Situé entre le Maroc et la Mauritanie et partageant à l’Est une frontière avec l’Algérie, la région est sous souveraineté marocaine d’après les autorités du royaume. 

Sahara occidental après le cessez-le-feu de 1991.


Entre 1884, et 1975, le Sahara occidental est une colonie espagnole appelée « Rio de Oro ». Depuis le départ des espagnols, et la marche verte ordonnée par Hassan II (Roi du Maroc de 1961 à 1999) environ 350 000 marocaines envahissent pacifiquement le territoire : « le Sahara marocain ». En réaction, le Polisario, un mouvement politique et armé proclame la République arabe sahraouie démocratique (RASD). Depuis cette annexion, une guérilla éclate et le Maroc repousse les assauts sahraouis. 

Le Front Polisario aidé par l’Algérie

Dans les années 1980, pour se protéger des assauts du Polisario, les autorités du royaume ont construit un mur défensif de plus de 2 500km, appelé « mur de sable » ou « mur de la honte » pour certains. Ce mur est fortifié par des champs de mines, et des bunkers. La construction du mur a permis à l’armée marocaine de faire reculer les positions sahraouies.

Le mur de sable achevé en 1987.


Le Front Polisario attaque les positions marocaines, et pour cela, ils peuvent compter sur l’appui militaire et financier du voisin algérien. La ville de Tindouf en Algérie accueille les militants sahraouis et les nomades voulant fuir le territoire. L’Algérie vient en aide au Front Polisario tant que les revendications du « Grand Maroc » du royaume qui s’étend jusqu’au désert algérien.

Un cessez-le-feu en 1991, et depuis, plus rien….

Après de nombreux plans de paix proposés par l’ONU depuis 1988, c’est en 1991, que l’on arrive à un cessez-le-feu. Le Maroc et le Front Polisario acceptent de tenir un référendum sur la question de l’indépendance ou non du Sahara occidental.

La question aurait dû se régler depuis 1992, mais un problème subsiste autour de qui doit voter. L’ONU, le Maroc et les membres du  Front Polisario prévoyaient que les habitants du Sahara occidental votent. Depuis l’arrêt des combats, le Maroc a changé de position en voulant intégrer les marocains dans les personnes pouvant participer au référendum. Hors de question pour le Front Polisario de permettre aux marocains d’y participer puisque l’on compte un peu plus de 500 000 sahraouis (soit 1 sahraoui pour 7 marocains). 

Situation actuelle dans le Sahara occidental (Carte du journal Le Monde)


En 2007, un projet d’autonomie est proposé par le régime chérifien au Front Polisario, mais il est refusé par ce dernier. Le projet prévoyait la création d’un gouvernement et d’un parlement sahraoui, mais que le Maroc conserverait les compétences en matière d’affaires étrangères, de défense et même en économie.

Le Maroc investit beaucoup dans la région

Le Sahara occidental possède de nombreuses richesses, puisqu’il abrite d’importants gisements de phosphates et des minerais de fer, sa cote étant l’une des poissonneuses du monde, et il est donc investi en masse par le Maroc. Les projets se créent et les infrastructures ont connu un développement exceptionnel encouragé par l’attractivité de la région et sa capacité d’accueillir des projets industriels. Le développement dans des secteurs comme transport, la logistique, et l’industrie va permettre de créer près de 120 000 emplois, de faire baisser le chômage des femmes et des jeunes.


Contrôlé à 80% par le Maroc, le Sahara occidental espère toujours obtenir son indépendance. Le commerce et l’activité économique sont contrôlés par le royaume. En décalage avec les années de la décolonisation, la communauté internationale ne s’y est pas vraiment intéressée à l’époque. L'ancien Roi du Maroc, Hassan II avait décidé de ne pas médiatiser la question, en pensant qu’il allait trouver une solution très rapide en sa faveur. D’ailleurs, le Roi actuel, Mohamed VI, a assuré qu’il ne laisserait pas un bout de terre au Front Polisario, qui lui essaie de faire entendre sa cause depuis une quarantaine d’années. La solution pourrait donc venir des sahraouis.


Benamar CHACHOUA.

jeudi 17 décembre 2015

MOURINHO SUR LE BANC PARISIEN A LA FIN DE LA SAISON?

L’information est tombée dans l’après-midi, la relation entre le club londonien de Chelsea, et l'entraîneur portugais José Mourinho est terminée. Dans un communiqué publié sur son site internet, les dirigeants anglais ont précisé qu’il s’agit d’une rupture par « consentement mutuel ». Une annonce qui arrive 2 mois avant la double confrontation face au Paris-Saint-Germain. En  fin du contrat à la fin de la saison, des discussions pour une prolongation de contrat sont  prévus durant la trêve hivernale. Le limogeage du « special one » pourrait changer la donne et l’envoyer du coté de Paris à la fin de la saison. Un entraîneur qui fait rêver les dirigeants qatariens depuis quelques années.


Une carrière d’entraîneur qui plaide en sa faveur.

L'entraîneur portugais âgé de 52 ans n’est plus à présenter dans le monde du football. Il s’est fait un nom lors de la saison 2003-2004, avec le club portugais de Porto en remportant la prestigieuse ligue des champions, une vraie surprise. Quelques mois plus tard, José Mourinho ne résistera pas aux sirènes du coté de Chelsea, et du milliardaire russe Roman Abramovitch.

En trois saisons (2004-2007) aux manettes de Chelsea, il remporte deux titres de champions d’Angleterre, une coupe d’Angleterre, deux coupes de la ligue, et un Community Shield. Par la suite, il entraîne l’Inter Milan (2008-2010), où il va gagner deux scudetti, une coupe d’Italie et une Supercoupe et une nouvelle ligue des champions.
Alors qu’il est toujours en contrat avec l’Inter, le Real de Madrid de Florentino Perez se met d’accord avec Massimo Moratti pour libérer l’entraîneur portugais, alors considéré comme le meilleur manager en Europe. 

J.Mourinho soulevant la LDC en 2010 avec l'Inter.


En arrivant à Madrid, il aura à charge un club en crise, avec plusieurs désillusions en ligue des champions et en championnat. Pour retrouver la voie du succès, le Président madrilène injecte beaucoup d’argent pour s’offrir Cristiano Ronaldo, Kaka ou encore Benzema. De 2010 à 2013, son bilan est mitigé du côté de la maison blanche, avec un championnat, une coupe du roi et une Supercoupe, mais toujours pas de ligue des champions pour le Real. En mai 2013, José Mourinho est remercié, à cause de mauvaises relations avec certains cadres du vestiaire.

À l’été 2013, il effectue son retour outre-manche à Chelsea, dans une maison qu’il connait bien. Avec un effectif jeune et différent par rapport à celui de son premier passage du coté de Stamford Bridge, il remporte la Premier League et la Coupe de la Ligue Anglaise, et il ira en demie finale de la plus prestigieuse des coupes européennes lors de la saison 2013-2014 où il élime le Paris-Saint-Germain en quarts de finale.

À titre personnel, il fait partie des entraîneurs qui ont remporté deux ligues des champions avec deux clubs différents (Porto en 2004 et l’Inter Milan en 2010). Il détient aussi le record d’invincibilité à domicile avec 151 matchs en neuf ans, avec Porto, Chelsea et le Real Madrid. 

« The special one » : le manipulateur qui ne dure pas dans un club.


Ses joueurs le disent, pour viser le sommet, il faut le suivre, être à 100%. Il sait motiver ses joueurs, et lorsqu’un joueur donne tout pour Le Mou, alors il donnera lui aussi tout pour son joueur. Deco, Drogba, Ricardo Carvalho, Eden Hazard, ils sont tous unanimes, personne ne sait autant motiver que José Mourinho, l'entraîneur
aux 7 titres nationaux et aux 2 titres en ligue des champions. Depuis une dizaine d’années, Mourinho est un véritable meneur, qui a reproduit dans chacun de ses clubs la même méthode.

Dès son arrivée dans un club, il n’hésite pas à utiliser les phrases chocs, de dire qu’il va gagner des titres et rapidement. Dans le vestiaire, lors dès premières séances, il pique ses joueurs pour les sublimer. Il sait, scrute et analyse tout, lorsqu’il prend les rênes d’un club, il sait sur qui il va compter. Il se fond comme un membre à part entière de son effectif, il est très présent et voit tout ce qu’il se passe. Une fois la saison commencé, il est prêt, et lorsqu’une crise pointe le bout de son nez, « The special one », il a toujours la bonne réplique auprès de ses joueurs, des médias et même des supporters. Souvent positionné en tant que victime, il n’hésite pas les sorties médiatiques.

Cette méthode de management demande beaucoup aux joueurs. Dans chacun de ses clubs, les troisièmes saisons ont toujours été moins bonnes. Les raisons sont que ses joueurs ne suivent plus, c’est un entraîneur qui n’accorde très peu de rotation dans son équipe. Son effectif est épuisé mentalement et ne suit plus l'entraîneur. L’équipe est souvent hors course pour le titre de champion. En 2013, au bout de sa troisième et dernière saison à Madrid, Florentino Perez annonce le départ du portugais, où ses mauvaises relations avec des joueurs comme Casillas ou Sergio Ramos, des cadres du vestiaire, et même la presse. Aujourd’hui, avec Chelsea, il arrivait au bout de 2 saisons et un titre de champion la saison dernière, les joueurs ne suivent plus, un effectif inchangé. Les joueurs se lassent du coach portugais, et une 16ème place en championnat, à un point du premier relégable, ce qui pousse Roman Abramovitch à limoger José Mourinho. On parle même d’une compensation de près de 50 millions refusée par l'entraîneur lusitanien ; et se contenterait d’un chèque correspondant à son salaire jusqu’à la fin de la saison.


Libre comme l’air et Jorge Mendes comme agent : une situation qui peut plaire aux dirigeants parisiens.


On connait les difficultés du Président Nasser Al-Khelaifi a trouvé un entraîneur de renom pouvant amener son équipe à la victoire finale en ligue des champions. Après le départ de Carlo Ancelotti à l’été 2013, le PSG était à la recherche d’un grand entraîneur. Après les refus de Mancini, Capello et même d’un José Mourinho, ce dernier était promis à un retour du coté de Stamford Bridge. Désormais, "The special one" est sans contrat. Il est libre de choisir dès aujourd’hui où il veut aller. Aucune indemnité de transfert ne sera à l’ordre du jour, un Mourinho « gratuit ».

Le téléphone de son agent Jorge Mendes, l’une des personnes les plus influentes dans le football risque de sonner dans les prochains jours. Et là une connexion peut se faire avec le Paris-Saint-Germain. Le président Nasser est proche de l’agent, et ce dernier a un pied au PSG avec l’arrivée l’été dernier d’Angel Di Maria, joueur dont il est l'agent. Il peut ainsi faciliter l’arrivée du portugais près de la porte d’Auteuil.



Le limogeage du tacticien portugais fait parler dans le monde du football, et un tel entraîneur sur le marché est une aubaine. Mourinho c’est l’assurance de gagner des titres nationaux et faire une excellente campagne européenne. Déjà double vainqueur de la compétition avec Porto et l’Inter, il peut être l'entraîneur qui réalisera le rêve de l’Etat-Major qatarien qui est de gagner la ligue des champions. Aujourd’hui, Laurent Blanc est en contrat jusqu’à la fin de la saison, une non qualification pour les demies en ligue des champions serait synonyme d’un départ de l’entraîneur français. Cela pourrait provoquer l’arrivée de José Mourinho sur le banc parisien. Pas certain que les supporters du club de la capitale soient unanimes pour l’arrivée d’un entraîneur qui a accumulé les sorties médiatiques contrele PSG depuis 2 ans. Et où qu’il passe, l’histoire d’amour ne dure pas plus de 3 ans, un problème pour le Paris-Saint-Germain qui cherche à s’installer dans la durée. 

Benamar CHACHOUA.

lundi 14 décembre 2015

LA FRANCE EN GUERRE CONTRE LE TERRORISME ? PAS VRAIMENT.

Un mois après les attentats du 13 novembre à Paris et Saint-Denis, François Hollande et son Premier Ministre n’ont pas hésité à utiliser le terme « guerre ». Pourtant, sur le plan international, ce terme n’est pas employé, on parlait encore de coalition ou de coordination au peuple français, avant les attentats. Le mot guerre n’est pas approprié, et le terrorisme est l’un des ennemis du quinquennat d’Hollande.

Chiffres de l'opération Chammal au 10/12/2015 (source: @EtatMajorFR)


Le mot « guerre » n’est pas juste

Si l’on prend la définition du mot « guerre », c’est une lutte armée entre Etats qui entraîne l’application de règles particulières. Elle commence par une déclaration de guerre ou un ultimatum et se termine par un armistice et, en principe, par un traité de paix qui met fin à l’état de guerre. Dans le cas précis de celui de la France face à Daesh, on ne peut pas parler d’une véritable guerre, puis que « l’Etat Islamique » n’est pas un Etat reconnu. Aucune déclaration de guerre n’a été faite. La France ne fait que riposter aux différentes attaques qu’elle a subi sur son territoire ou de venir en aide à des pays amis en Afrique. Ces pays africains qui sont eux aussi victimes d’actes terroristes, dans le Sahel, avec l’opération Barkhane, visant à lutter contre les groupes djihadistes (Ansar Dine, AQMI et même Daesh) de la région. Une opération lancée en 2014 qui mobilise des milliers de soldats.

Le quinquennat d’Hollande synonyme de lutte contre le terrorisme

Le mandat du président français est particulièrement marqué par l’envoi de troupes pour lutter contre la terreur. Dès janvier 2013, le Président français annonce l’envoi de forces françaises au Mali, pour traquer les groupes islamistes armés liés à Al-Qaida occupant le nord du pays. L’opération « Serval » est suivie à la fin de la même année de l’opération Sangaris en Centrafrique, où l’armée française tente d’enrayer les tueries entre les communautés chrétiennes et musulmanes. Aujourd’hui, la France intensifie ses frappes aériennes sur des points stratégiques du groupe Etat islamique. D’après l’Etat-Major des armées, dans cette opération « Chammal », 3 500 militaires sont déployés dans la zone contrôlée par le groupe terroriste (800 au début de l'opération en septembre 2014), plus de 300 frappes sur Daesh, et plus de 600 objectifs détruits. Des chiffres que l’on peut retrouver sur le compte « Twitter » officiel de l’Etat-Major des armées, qui publient régulièrement l’avancée des troupes françaises face aux djihadistes.

Si nous sommes en guerre face au terrorisme, nos ennemis sont bien souvent européens et français pour un grand nombre dans les rangs de l’Etat Islamique. Les exemples sont nombreux, Mohamed Merah, les frères Kouachi, Fabien Clain. Ils ont tous grandis en France. Un problème se pose donc au sein de notre société comme la transmission des valeurs républicaines délaissées dans certaines zones sensibles.


Benamar CHACHOUA.

dimanche 6 décembre 2015

LA TUNISIE EST-ELLE PARTIE POUR UNE DÉCENNIE DE TERREUR?

Béji Caïd Essebsi, le Président tunisien, depuis décembre 2014, n’a pas la tâche facile pour assurer la sécurité de son peuple. Après 23 ans de dictature, et la chute de Ben Ali, la Tunisie doit faire face à un nouveau problème : le terrorisme. Le dernier attentat contre un bus de la garde présidentielle est le symbole d’une année 2015 très violente. Des évènements de plus en plus fréquents, pouvant ramener à l’Algérie des années 90.
 
Bilan humain depuis 2011 jusqu'au 26 novembre 2015



Après la victoire du Parti Islamiste d’Ennahdha Rached Ghannouchi aux législatives de 2011, la Tunisie doit faire face à de nombreux problèmes de sécurité (intérieurs et extérieurs). Jusqu’en 2013, plusieurs affrontements ont eu lieu, des morts, des blessés mais aussi des arrestations et des saisies d’armes, d’argent, et des papiers falsifiés. Des attaques faites par des membres de la mouvance salafiste, ont touché plusieurs villes du pays, des spectacles et expositions ont été ciblés et jugés contraires à l’islam. L’année a été marquée par l’assassinat de l’opposant anti-islamiste Chokri Belaïd, près de la capitale, revendiqué par les djihadistes d’Aqmi (Al Qaida au Maghreb Islamique).

Une année 2015 sanglante


Le 18 mars, l’organisation Etat Islamique revendique l’attentat contre le musée du Bardot qui fait 22 morts (dont 21 touristes étrangers). C’est la première fois que des étrangers sont des cibles en Tunisie depuis 2002. Le pire attentat a lieu le 26 juin, dans un hôtel près de Sousse, il est aussi revendiqué par DAESH, qui a des cellules chez le voisin libyen. La dernière attaque du mardi 24 novembre, contre un bus de la garde républicaine, cela pose beaucoup de questions sur la sécurité du Président et sur l’état des forces de police. C’est une attaque totalement différente de celles qui ont précédé, c’est quelque chose de nouveau. Le Président tunisien va en profiter pour instaurer un couvre-feu nocturne sur le « Grand Tunis ».

L'Algérie "met son expérience à la disposition des tunisiens pour lutter contre le terrorisme"


Il est possible de comparer les attentats et le terrorisme tunisien depuis 2011, à ce qu’a vécu son voisin algérien dans les années 90. Après plusieurs années de gestion dictatoriale des affaires de l’Etat, l’Algérie tente de se démocratiser. Cette tentative de démocratisation permet aux islamistes du Front Islamique du Salut (FIS) d’arriver en politique, et d’être en tête des législatives en décembre 1991, provoquant l'intervention de l’armée, qui stoppe le processus électoral au début de l’année 1992. Cela va entraîner l’Algérie dans une vague de violence et de terrorisme qui va durer une dizaine d’années, une véritable guerre civile. Le couvre-feu est imposé, les barrages de plus en plus fréquents.  Elle aurait coûté 100 000 morts si l'on s'en tient aux déclarations du Président Abdelaziz Bouteflika.


Selon les experts, les djihadistes visent le pays tunisien car il est le pays le plus démocratique parmi ceux qui ont connu le printemps arabe. Mais c’est aussi le plus pourvoyeur de djihadistes en Syrie et en Irak. L’exemple algérien est similaire à celui des évènements en Tunisie. C’est pour cela que le Ministre algérien des Affaires étrangères Ramtane Lamamra a assuré qu’Alger viendra en aide aux frères tunisiens.


Benamar CHACHOUA.